Jean-Paul Delfino, Guyanes Éditions Héloïse d’Ormesson, 2023 C h a p i t r e I « Les riches font ce qu’ils veulent. Les pauvres font ce qu’ils peuvent. » Proverbe guyanais « S i l e n c e , d a n s l e s r a n g s ! La prochaine que j’attrape à parler,...
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Jean-Paul Delfino, Guyanes Éditions Héloïse d’Ormesson, 2023 C h a p i t r e I « Les riches font ce qu’ils veulent. Les pauvres font ce qu’ils peuvent. » Proverbe guyanais « S i l e n c e , d a n s l e s r a n g s ! La prochaine que j’attrape à parler, je lui colle trois jours de mitard. Vous m’avez bien compris ? Le mitard, avant la cale et le pays des singes verts. Vous ferez moins les bra- vaches que sur les barricades. Allez, garces ! On file, on file ! On file et on se tait ! » Les mots de l’argousin avaient claqué dans le matin comme autant de gifles sèches. Sur la petite route qui menait d’Aix-en-Provence à Toulon, la cohorte des bagnardes replongea aussitôt dans son mutisme. En ce mois déjà étouffant de juin 1872, l’on n’entendit plus alors que les galoches de bois sur le chemin de pierres. Ces bêtes de somme, une trentaine tout au plus, piétinaient sous la surveillance étroite de soldats placés à intervalles réguliers. Après avoir essuyé la sueur qui coulait de son front,
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