« Petit, j’aurais voulu être magicien, mais j’étais si stressé au moment de faire mes tours que je me suis réfugié dans la solitude de la littérature. » Gabriel García Márquez Le magicien sur la passerelle « On n’accouche pas sur commande d’un marmot doué...
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« Petit, j’aurais voulu être magicien, mais j’étais si stressé au moment de faire mes tours que je me suis réfugié dans la solitude de la littérature. » Gabriel García Márquez Le magicien sur la passerelle « On n’accouche pas sur commande d’un marmot doué du sens des affaires », dit souvent ma mère en taïwanais. Une façon détournée de me critiquer, d’exprimer un petit regret. Mais ce sentiment n’existait pas avant mes dix ans, parce qu’avant cette date-là il paraît que je m’y entendais comme personne. Ma famille tenait une boutique de chaussures. J’avais beau donner le meilleur de moi-même, je n’étais qu’un gamin et mes « cette paire vous va très bien », « c’est du cuir véritable », « allez, je vous fais un prix d’ami », « ah désolé, moins cher, on vendrait à perte » sonnaient faux et n’avaient aucune force de persuasion. Une année, ma mère a eu une idée. « Et si tu allais vendre des lacets et des semelles sur la passerelle du mar- ché ? En voyant un môme comme toi, ça donnera envie au
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