L’oublié
Il chevauche vers la ville par une large route de pierraille jaune et régulière et sa monture
semble fraîche, nulle écume à sa bouche ou sueur à son encolure blanche, les yeux calmes et le galop
sûr. Le soir ne tardera pas, mais les murs de la...
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L’oublié
Il chevauche vers la ville par une large route de pierraille jaune et régulière et sa monture
semble fraîche, nulle écume à sa bouche ou sueur à son encolure blanche, les yeux calmes et le galop
sûr. Le soir ne tardera pas, mais les murs de la ville sont proches, qui découpent leur contour
pierreux sur l’horizon mauve et la brume des nuages. Il y sera avant la nuit. Elle l’attend immobile,
nichée entre deux collines, écharpée par cette route qui y monte doucement ; il peut déjà apercevoir
une marée de toits clairs, des traits de fumée aux fenêtres et par les cheminées, et le survol paisible
d’oiseaux blancs, fins à cette distance comme des lames de plumes.
Le soleil est trop chaud encore malgré la fin du jour. Ce doit être l’été. La soif le prend
soudain ; l’une de ses mains, machinale, se porte à son côté pour y décrocher l’outre d’eau, mais elle
ne rencontre que le vide et le tissu rêche de sa tunique noire contre la peau moite de son torse.
Palpant son dos, sa ceinture, ses
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